Comment et pourquoi je suis devenue facilitatrice?
C’est officiel! Je suis une fille hyperactive. J’ai besoin que les choses bougent et que les projets avancent. La contemplation… très peu pour moi.
Or, une bête chute dans l’escalier du chalet où je séjournais en Gaspésie pour les vacances m’a forcée à m’arrêter, à me calmer, et ce, à mon plus grand désespoir! Diagnostic : fracture du naviculaire (mot pratique pour le Scrabble!) et entorse sévère au pied gauche. Après avoir parcouru une cinquantaine de km de randonnée dans les premiers jours de mes vacances, je devais envisager autrement les suites de mon séjour.
En repos forcé, j’ai fait le point sur la dernière année. Je me suis remémoré mon périple en Nouvelle-Angleterre, sur les traces de mon grand-père paternel en 2019, où s’est tranquillement concrétisé mon projet de me lancer en affaires. Moment décisif où j’ai décidé, avec un certain vertige je l’avoue, de passer de salariée à entrepreneure.
Il y a un an, jour pour jour, je terminais une première animation bénévole avec des participants du réseau collégial et universitaire en leur proposant d’expérimenter la cocréation en groupe pour repenser le futur de l’international en enseignement supérieur en misant sur l’approche du design thinking. Je peux dire que cette animation a été un tournant dans mon cheminement d’entrepreneure. Dix ans plus tôt, jamais je n’aurais pensé que la facilitation aurait pu être un choix de carrière!
En juin 2020, j’étais en affaires comme je l’avais voulu depuis très longtemps. Cependant, mon modèle d’affaires initial était complètement à revoir. J’avais deux mandats à finaliser et tous les autres projets que j’avais signés plus tôt dans l’année étaient d’un seul coup en stand by. Je ne savais plus trop quelle direction prendre. J’étais, je l’avoue, vraiment découragée et anxieuse. Je me demandais sérieusement comment Marie-Andrée Roy services-conseils allait pouvoir rester en vie. Allais-je passer au travers de l’année 2020? Allais-je devoir retourner comme salariée faute de mandats? Je suis passée par des montagnes russes d’émotions (comme de nombreux entrepreneurs) et même si j’ai toujours été assez à l’aise avec une certaine ambiguïté et que j’ai un bon sens de l’aventure, disons que je savais que j’étais devant un très gros obstacle inconnu : le virus du COVID-19.
J’ai donc fait un gros travail d’introspection où je me suis questionnée sur mes forces personnelles et professionnelles, les outils que j’avais dans mon coffre et j’ai passé les 20 dernières années de ma vie professionnelle en revue. J’ai lu énormément, participé à plusieurs formations en ligne, fait de nombreux appels téléphoniques, relancé d’anciens collègues, des membres de mon réseau. Puis, j’ai constaté que :
- J’avais une volonté de faire les choses autrement et que la crise m’offrait une opportunité en ce sens.
- J’avais besoin d’être dans l’action. L’entrepreneuriat, c’est pas mal être dans l’action non?
- J’aimais travailler avec et pour les gens pour atteindre des résultats concrets et que j’aimais expérimenter, essayer des « affaires ».
À ce moment-là, c’est notamment la lecture du livre Sprint de Jake Knapp[1] qui m’a replongée dans l’univers des approches collaboratives. Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai repensé à mon expérience de directrice du Centre de formation en développement durable à l’Université Laval, au fait que le CFDD a été pour moi un lieu de découvertes incroyables et une source d’inspiration où j’ai côtoyé pendant presque sept ans « les meilleurs facilitateurs »[2] avec qui j’ai appris la force du travail collaboratif grâce aux approches de la conception intégrée et du design thinking. J’ai aussi réalisé que tout au long de ma carrière dans le réseau de l’éducation, j’avais développé cette compétence d’animation collaborative, sans trop m’en rendre compte. Depuis, je suis convaincue que ce processus nous permet de:
- Mettre l’humain au cœur de la démarche.
- Travailler réellement en équipe afin de briser « les silos ».
- Mettre en place des projets vraiment innovants et durables.
Le design thinking est fondamentalement un processus exploratoire qui débouche invariablement sur des découvertes inattendues dignes d’être approfondies.[3]
C’est exactement ça et je pense que c’est un fit parfait avec mon besoin d’aventure, de créer et de sortir des sentiers battus pour atteindre mes objectifs. J’ai donc orienté mon modèle d’affaires en sens dès juillet 2020.
Qu’est-ce qu’un facilitateur?
Le mot facilitateur est en fait un anglicisme qui vient du mot anglais facilitator, pour désigner une personne qui exerce un rôle d’animation au sein d’un groupe.
Selon l’Office québécois de la langue française, l’animateur de groupe est une personne qui voit au bon déroulement des réunions ou du travail en équipe, en veillant notamment à ce que les objectifs de travail soient bien définis, en proposant des méthodes efficaces, en coordonnant la participation de chaque membre et en favorisant la cohésion du groupe.[4]
À la fois médiateur et animateur, le facilitateur est donc une personne qui guide une équipe ou un groupe dans un processus afin de permettre à chacun de donner le meilleur d’eux-mêmes. Un bon animateur de groupe doit donc s’assurer que :
- Chaque participant peut s’exprimer et être écouté.
- Des résultats concrets sont atteints chaque fois que l’équipe se réunit.
- Chaque participant peut réfléchir, formuler des idées, poser des questions, trouver des solutions en organisant les ateliers de manière efficace.
La facilitation exige donc beaucoup de préparation en amont des rencontres pour s’assurer de l’efficacité et de la productivité des rencontres de travail.
Mes projets d’animation de la dernière année!
J’aime stimuler, inspirer et rassembler les gens autour d’une vision ou d’un projet. C’est pour cette raison que j’ai choisi de me lancer en affaires! Ce que j’aime dans mon travail c’est de guider les équipes dans la recherche de solutions innovantes et durables, c’est construire des écosystèmes où le partage, l’innovation et le dialogue sont omniprésents. Pour y arriver, selon moi, il n’y a rien de mieux que de travailler en mode collaboratif.
Au cours de la dernière année, j’ai pris un grand plaisir à faciliter des réunions et des ateliers de prise de décision, de stratégie ou d’innovation grâce à :
- Plus de 20 clients qui m’ont fait confiance et qui ont choisi de faire les choses autrement.
- La pratique avec plus de 200h d’animation d’ateliers.
- Plus de 60h de formation en ligne, dont celle de la Innovation Week on line et la Design Sprint Masterclass d’AJ&Smart.
- 15 livres lus ainsi que des dizaines et des dizaines d’articles sur les approches collaboratives.
- Des centaines de participants qui se sont prêtés au jeu des ateliers collaboratifs sur des sujets comme l’intégration d’une démarche de développement durable dans son organisation, la gestion des espaces, la révision de l’offre d’activités de la vie étudiante, la portée des activités internationales en enseignement supérieur, la refonte d’un gala annuel vers une formule virtuelle, une infolettre revisitée dans une association, la mise en place de projets d’économie circulaire, etc.
Ma volonté de m’améliorer et d’apprendre à chaque fois me permet d’itérer mon processus et de bonifier ma pratique afin d’offrir une expérience personnalisée, efficace et durable pour mes clients. J’ai aussi, par la même occasion, la chance de développer de nombreux outils d’animation pour aider les équipes à être plus innovantes et efficaces grâce au design thinking.
Pourquoi j’aime la facilitation?
C’est simple, parce que les approches collaboratives me permettent de :
Atteindre des résultats concrets
En se donnant un objectif ultime clair dès le premier atelier et en s’attaquant d’abord aux problèmes pour s’assurer de trouver les bonnes pistes de solutions, nous pouvons créer et développer en équipe des projets plus durables et innovants.
Travailler en mode collaboratif, c’est chercher à atteindre des résultats concrets à chacune des rencontres où l’équipe se réunit. C’est devenir un allié pour faire avancer les équipes vers des livrables concrets.
Aider les équipes à échouer tôt pour réussir plus vite
La culture traditionnelle de la progression linéaire ne favorise pas le processus exploratoire et itératif sur lequel repose l’activité de création [5].
Prototyper rapidement une idée concrète permet de recueillir vite la rétroaction des utilisateurs et donc de s’assurer de concevoir des solutions pertinentes, qui répondront vraiment aux besoins et attentes. Qui de mieux qu’un enfant pour concevoir des jouets?
Par exemple, en prototypant rapidement différents jouets, qui seront testés ensuite par les utilisateurs réels (des enfants), une entreprise aura très rapidement des réponses sur ce qui fonctionne et sur ce qui doit être amélioré. Plus une équipe prototype rapidement ses idées, plus vite elle reçoit de la rétroaction et elle peut améliorer son projet.
Travailler au quotidien avec des équipes motivées et engagées, sur des sujets variés
J’adore travailler avec des gens de différents horizons et voir les connexions qui se créent au fil des ateliers collaboratifs. Accompagner des équipes dans leur recherche de solutions innovantes et durables sur des projets tellement variés, avoir leur confiance et les guider dans le développement d’un projet ou d’une expérience, c’est vraiment très gratifiant.
En plus, j’aime voir les équipes travailler ensemble, constater à chaque animation qu’en mettant des profils variés et diverses expertises ensemble, nous pouvons arriver à des résultats tellement surprenants et créer de nouvelles opportunités.
Constater la valeur du silence dans le processus de création
Travailler ensemble seul, en silence, afin que chacun des participants puisse offrir le meilleur de ses compétences apporte tellement de possibilités. C’est la mise en commun de différentes expériences et compétences de l’ensemble du groupe qui constitue toute la richesse du processus de création.
Et celle-ci est tellement plus efficace et utile quand chaque personne a d’abord pu réfléchir à des solutions dans sa « bulle », en silence, plutôt que de tenter de vendre à tout prix son idée aux autres en argumentant ou en parlant fort!
Avancer rapidement et rester engagée
Quel merveilleux sentiment que celui de l’accomplissement! Repensez à votre première journée de travail chez un nouvel employeur : votre boîte courriel et votre calendrier sont complètement vides… Dans quel état d’esprit êtes-vous? N’avez-vous pas le sentiment que tout est possible? Vous avez le temps de réfléchir et vous avez hâte de collaborer avec le ou la collègue qui vous sollicitera pour travailler sur un projet.
De nature moyennement patiente, j’adore quand les choses avancent rondement, être dans l’action et concrétiser les projets. Faciliter des ateliers de design thinking en mode sprint, c’est être pleinement engagée dans une démarche, c’est faire avancer une équipe à vitesse grand V pour donner vie le plus vite possible à ses idées.
Et maintenant, qu’est-ce qui m’attend?
Dans un paradigme de design, la solution ne se situe pas ailleurs, attendant que quelqu’un la découvre, elle réside dans l’effort de création de l’équipe. [6]
C’est un grand bonheur pour moi d’apporter ma petite contribution à cet effort de création. Je carbure à ça!
L’automne 2021 s’annonce d’ailleurs très motivant puisque j’accompagnerai deux cohortes d’entreprises dans leur démarche de développement durable avec la belle équipe de la SDC Faubourg St-Jean-Baptiste et une autre avec mes partenaires, la Coop FA. J’offrirai également une formation sur la facilitation et le design thinking à une équipe de cadres dans un cégep et nous lançons un design sprint sur le thème de la construction en bois avec un nouveau client. Je serai aussi formatrice sur le thème du rôle-conseil à la Direction générale de la formation continue à l’Université Laval. D’autres projets sont en cours, mais je ne peux pas en parler pour le moment…
Je travaille actuellement sur une série d’articles sur le thème de la collaboration en partenariat avec l’équipe de Stratégia Conseils. Restez à l’affût!
Envie de retenir mes services pour faciliter un ou des ateliers de design thinking? Ou encore, d’apprendre à faciliter dans votre organisation? Prenez rendez-vous avec moi pour en discuter, sans aucun engagement de votre part.
Sources ayant servies à l'élaboration de cet article :
[1] Jake Knapp est l’inventeur du design sprint et un auteur à succès du New York Times. Il a travaillé 10 ans chez Google et Google Ventures, où il a créé le processus design sprint. Il a écrit deux livres, Sprint et Make Time, a coaché des équipes dans des entreprises comme Slack, LEGO, IDEO et la NASA sur la stratégie de conception et la gestion du temps. Il a également été professeur invité au MIT et à la Harvard Business School.
[2] Je pense, entre autres, à François Cantin, Caroline Frenette, Jean-Sébastien Bouchard, Marie-Jules Bergeron, Nicolas Lemire, Normand Hudon, Patrick Vallerand, Joël Courchesne, Louis-Michel Fournier, Marie-Ève Milot, Bruno Verge, Martin Roy, Sarah Côté-Delisle, Julia Gaudreault-Perron qui ont été de vrais mentors et qui sont toujours une grande source d’inspiration pour moi!
[3] Tim BROWN (2019) L’esprit design. Comment le design thinking transforme l’entreprise et inspire l’innovation, p.20.
[4] OFFICE QUÉBÉCOIS DE LA LANGUE FRANÇAISE.(2021). Consultation en ligne: http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8352330
[5] Tim BROWN (2019), Ibid, p.35
[6] Tim BROWN (2019), Ibid, p.41